Dures grenades entr'ouvertes
Cédant à l'excès de vos grains,
Je crois voir des fronts souverains
Eclatés de leurs découvertes !
Si les soleils par vous subis,
Ô grenades entre-bâillées,
Vous ont fait d'orgueil travaillées
Craquer les cloisons de rubis,
Et que si l'or sec de l'écorce
A la demande d'une force
Crève en gemmes rouges de jus,
Cette lumineuse rupture
Fait rêver une âme que j'eus
De sa secrète architecture.
Paul Valéry, Charmes 1922