Je baiserai d'un bout à l'autre les longues ailes
noires de ta nuque, ô doux oiseau, colombe prise,
dont le coeur bondit sous ma main !
Je prendrai ta bouche dans ma bouche comme
un enfant prend le sein de sa mère. Frissonne !...
car le baiser pénètre profondément et suffirait à
l'amour.
Je promènerai ma langue légère sur tes bras,
autour de ton cou, et je ferai tourner sur tes côtes
chatouilleuses la caresse étirante des ongles.
Écoute bruire en ton oreille toute la rumeur de
la mer... Mnasidika ! ton regard me fait mal. J'enfermerai
dans mon baiser tes paupières brûlantes
comme des lèvres.
Pierre Louÿs, Les Chansons de Bilitis 1894